Photo : FIFA
Le Maroc a réalisé l’exploit le plus retentissant de son histoire dans le football de jeunes.
Ce mercredi soir, au stade Elias Figueroa Brander de Valparaíso, le sélection nationale marocaine U20 s’est qualifiée pour la finale de la Coupe du monde des moins de 20 ans, en dominant la France aux tirs au but (6-5), après un match héroïque conclu sur le score de 1-1 au terme du temps réglementaire et des prolongations.
Le rêve a pris forme sous les chants et les drapeaux rouges.
Des centaines de membres de la communauté marocaine installée au Chili ont donné de la voix tout au long de la rencontre, rejoints par quelques supporters venus de loin pour soutenir cette génération dorée. Face à eux, un public français discret, presque effacé.
Dès le coup d’envoi sifflé par l’Uruguayen Gustavo Tejera, les Lionceaux ont imposé un pressing audacieux dicté par Mohamed Ouahbi, leur sélectionneur.
Le trio offensif Yassir Zabiri – Othmane Maâma – Yassine Guessoum a immédiatement mis la défense française sous pression. Zabiri, le feu follet de Marrakech, s’est illustré dès la 8e minute sur une passe lumineuse de Guessoum. Quelques instants plus tard, Maâma faisait frissonner les filets d’une frappe tendue passant juste au-dessus.
Solide derrière, le Maroc s’est appuyé sur un Ismaïl Baâouf impérial dans les duels et sur un Yanis Benchâouch en état de grâce dans les buts, auteur d’un arrêt réflexe sur une tentative puissante de Meïsem Ben Naïma.
Le VAR au secours des Lionceaux
À force de pousser, les Marocains ont obtenu une récompense méritée : après une faute manifeste de Andréa Le Borne sur Baâouf, l’arbitre, alerté par la VAR, a accordé un penalty.
Yassir Zabiri, enfant du quartier Sidi Youssef Ben Ali à Marrakech, a transformé la sentence à la 31e minute. Officiellement, le but a été attribué contre son camp au gardien français Lissandro Olmeta, surpris par la trajectoire du ballon.
Les dix dernières minutes de la première période furent un festival marocain. Maâma servait Zabiri pour une occasion nette (39e), tandis que Guessoum semait la panique dans la surface tricolore d’un dribble plein d’insolence.
À la pause, le Maroc menait logiquement 1-0.
Le retour des vestiaires vit la réaction attendue de la France.
À la 59e minute, Lucas Michel, la pépite monégasque, égalisait d’une reprise chirurgicale après une ouverture de Moussa Dabo, fraîchement entré en jeu.
Touché à l’épaule quelques minutes plus tard, le portier marocain Benchâouch dut céder sa place à Ibrahim Gomez, qui se montra à la hauteur.
La France poussa jusqu’à la 70e minute, avant que le Maroc ne retrouve son souffle. Maâma, intenable, fit vaciller la défense adverse d’une action individuelle splendide, puis réclama un penalty pour une main de Justin Bourgo, finalement jugée involontaire.
Le dernier quart d’heure fut irrespirable : Zabiri vit sa frappe stoppée par Olmeta (90e), tandis que la défense marocaine, soudée, tenait bon.
Des prolongations haletantes
Les vingt minutes supplémentaires furent une épreuve physique et mentale.
À la 102e, Dabo inquiéta Gomez d’une frappe croisée, avant que Zabiri ne réponde d’un tir à ras de terre flirtant avec la barre.
Les Bleus finirent à dix après l’expulsion de Rabi Nzingoula (106e), mais résistèrent héroïquement. Maâma continua d’y croire, obligeant Olmeta à une parade de grande classe (112e).
Dans les derniers instants (117e), Taha Mejni sauva miraculeusement sur sa ligne un ballon brûlant. Voyant la séance des tirs au but se profiler, Ouahbi fit entrer Abdelkrim El Mesbahi, gardien spécialiste de l’exercice.
Ce fut une séance à couper le souffle.
Younes Bahraoui ouvrit le bal avec sang-froid, suivi d’Elias Boumessaoudi.
Le tournant vint sur la troisième tentative française : Gadi Biyoko trouva le poteau, tandis que Zabiri transforma la sienne à la manière d’une “Panenka” qui rappela celle d’Achraf Hakimi au Mondial 2022.
La tension monta encore. Après un échec de Mohamed El Hamouni, Saâd El Haddad redonna l’avantage aux Lionceaux, puis Naïm Biyar signa la sixième réussite marocaine avant que El Mesbahi ne s’illustre : le portier marocain détourna la dernière frappe française, scellant la qualification historique du Maroc.
Au coup de sifflet final, les larmes, les chants et les embrassades se mêlaient sur la pelouse de Valparaíso.
Le Maroc disputera la première finale de Coupe du monde U20 de son histoire, une récompense méritée pour un groupe solidaire, discipliné et inspiré.
En attendant de connaître son adversaire — l’Argentine ou la Colombie, opposées jeudi dans l’autre demi-finale —, tout un pays savoure un moment d’éternité.
Les Lionceaux de Mohamed Ouahbi ne se contentent plus de rêver : ils écrivent l’histoire du football marocain.