Photo : Omar Chraibi
Les groupes d’ultras marocains se sont invités dans le climat de tension sociale qui secoue le pays depuis samedi dernier. Plusieurs communiqués, publiés ces derniers jours, témoignent d’une position commune : l’absence volontaire des gradins lors des matches de la Botola Pro.
La Curva Sud et les Fatal Tigers, ont annoncé conjointement le boycott de la rencontre entre le Raja Casablanca et le Maghreb de Fès, prévue ce vendredi au stade Mohammed V, pour le compte de la 4ᵉ journée du championnat.
Dans leur communiqué, elles pointent “des années de marginalisation, de faiblesse des services publics et de répression”, et tiennent pour responsables “ceux qui ont donné l’ordre des interventions sécuritaires”. Tout en affichant leur solidarité avec les détenus, elles appellent la jeunesse à la retenue, et présentent leurs condoléances aux familles des victimes.
Dans la foulée, les Winners, ultras du Wydad Casablanca, ont publié un texte d’une teneur similaire. “Ce qui touche la nation nous touche en tant qu’enfants des tribunes”, rappellent-ils, réaffirmant leur attachement aux causes sociales. Le message insiste : “la dignité avant toute présence”, précisant toutefois que le soutien au club et à son public reste un devoir, à la veille du déplacement du Wydad chez le CODM de Meknès.
Les Redmen, fervents défenseurs du club de la capitale ismaïlienne, ont eux aussi pris la parole. “Notre voix demeure dans les tribunes malgré le boycott”, écrivent-ils, ajoutant que “la cause défendue par les manifestants est une et que l’injustice est la même partout”.
Leur déclaration qualifie la décision de boycotter de “position de dignité”, tout en appelant les fidèles à acheter leur billet afin de soutenir financièrement le club. Pour eux, “le CODM restera le pouls de la ville tant que les cœurs battront au rythme du serment”.
Ces prises de parole s’inscrivent dans une dynamique plus large. Déjà mercredi, plusieurs stades du royaume — El Massira à Safi, le stade Olympique à Rabat ou encore le municipal de Berkane — ont été le théâtre d’une mobilisation silencieuse : des tribunes désertées par leurs groupes ultras, dans un geste symbolique qui mêle football et revendication sociale.
Cette contestation trouve également un prolongement dans le mouvement de la Génération Z marocaine, une jeunesse née entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, très active sur les réseaux sociaux. Elle revendique un accès équitable à l’éducation et à la santé, une meilleure justice sociale et la reconnaissance de sa place dans le débat public